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la bande dessiné amazigh

La bande dessinée en langue amazighe

Un outil de transmission identitaire

Dans le cadre de la 17ᵉ édition du Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda), une conférence inédite s’est tenue le 4 octobre 2025 sous le thème « BD en langue amazighe », animée par le bédéiste et auteur Kamel Bentaha, l’une des voix montantes de la scène BD algérienne.

Devant un public curieux et engagé, l’intervenant a retracé les défis, enjeux et espoirs liés au développement de la bande dessinée en langue amazighe, tout en ouvrant le débat sur sa reconnaissance nationale et son rôle dans la préservation du patrimoine culturel. Kamel Bentaha a commencé par rappeler les origines fragiles de la BD amazighe, longtemps absente des circuits éditoriaux classiques. « Le développement de la bande dessinée amazighe n’a pas été naturel. Il a fallu l’imposer, parfois à contre-courant », a-t-il déclaré, faisant référence à l’hégémonie des productions en français et en arabe dans les années 90, dominées notamment par des figures de style caricatural ou humoristique.

Il évoque également l’influence de modèles occidentaux comme Mickey ou Picsou, qui ont façonné l’imaginaire collectif, rendant difficile l’émergence de personnages ou de récits ancrés dans les réalités amazighes. La conférence a ensuite abordé une question centrale : « Pourquoi une BD en amazigh ? » Pour Bentaha, la réponse est limpide, la bande dessinée peut devenir un vecteur puissant de transmission culturelle et linguistique. « Le dessin parle à tous. Mais quand il s’accompagne de tamazight, il parle à l’âme », a-t-il affirmé.

Il insiste sur la richesse des thématiques possibles, allant du conte traditionnel aux légendes locales, en passant par des sujets contemporains comme l’identité, l’environnement ou l’émigration. « La BD amazighe peut porter des récits modernes sans renier la tradition », souligne-t-il.

Un débat s’est ouvert sur l’absence d’une appellation amazighe spécifique pour désigner la bande dessinée, souvent traduite littéralement ou assimilée au mot arabe ou français. « C’est révélateur du manque de reconnaissance symbolique. Nous devons nommer notre art pour mieux l’exister », a plaidé Bentaha, appelant les linguistes, artistes et institutions, comme le Haut-commissariat à l’Amazighité (HCA) à s’impliquer dans cette démarche.